Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/333

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Un jeune prêtre, M. l’abbé Méquignon, curé d’Élancourt, près Chevreuse (Seine-et-Oise), s’honorera d’être placé au même rang que les humbles filles dont nous venons de vous entretenir. Le cœur ému par le spectacle des enfants trouvés, confiés à des nourrices qui trop souvent les laissent grandir dans l’ignorance et la grossièreté, sans appui, sans conseil et sans affection, il a commencé par louer, à quelque distance de son presbytère, une modeste maison. C’est là qu’il prodigue, jour et nuit, à ces innocentes victimes du vice, les soins d’une mère, couchant au milieu d’eux, les conduisant à l’école, et ne quittant sa nouvelle famille que pour se faire, lui aussi, mendiant comme la quêteuse d’Orgon. Il demande et reçoit le sou des pauvres comme le louis du riche, et, après avoir ainsi mendié pendant un an, il a pu bâtir une maison capable de contenir quarante-cinq enfants qu’il confié à quatre sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, et le voilà qui recommence à tendre la main, avec l’ambition de communiquer le bienfait de cette éducation domestique aux deux cents enfants abandonnés qui restent dans le département. À onze ans, il les place chez des cultivateurs, d’où ils reviennent tous les dimanches à l’asile qui a protégé leurs premiers jours, et qu’ils appellent si justement la maison de famille. Ce dévouement, qu’aucune épreuve n’a ni lassé ni interrompu, a fini par obtenir depuis deux ans les encouragements du conseil général de Seine-et-Oise, et le préfet atteste, en nous les recommandant, le zèle et l’abnégation du prêtre que vous avez voulu comprendre parmi l’élite de vos lauréats.

La même distinction n’est que trop bien justifiée par l’honorable carrière de Mme Capelle, directrice de la crèche