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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/342

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sacrifices que nous retrouvons partout autour de nous, lorsque notre regard ému et reconnaissant se reporte, du spectacle des agitations et des mécomptes du dehors, sur nos mères, nos sœurs, nos femmes. Oui, c’est la femme qui garde surtout, parmi nous, l’inestimable trésor des vertus et des vérités chrétiennes. Ils ne le savent que trop, ceux qui prétendent l’arracher au sanctuaire de la famille et de la vie intime, de l’éducation domestique et religieuse, pour l’enrégimenter à la Spartiate dans un enseignement matérialiste et profane, pour l’immoler à je ne sais quelle utopie despotique qui veut démanteler la famille comme la société.

Il reste enfin une dernière conclusion à établir, la plus générale et la plus consolante de toutes, c’est le prix infini et l’inépuisable fécondité, parmi nous, de l’effort individuel, de l’activité spontanée, de la charité indépendante. Le type immortel de cette charité a été donné au monde et à l’Église par la France en la personne de saint Vincent de Paul. Sa glorieuse postérité subsiste et se propage chaque jour dans les saintes filles dont il a créé la règle et l’institut, dans cette foule de généreux laïques de tout âge et de toute condition qui s’honorent de porter son nom, enfin dans ces servantes des pauvres, isolées et ignorées, dont nous signalons les mérites aujourd’hui comme depuis tant d’années, et comme nous espérons les signaler encore demain. « La science de la misère, » a dit M. de Sismondi, « sera toujours courte par quelque endroit. C’est pour cela, » ajoute-t-il, « que je ne voudrais exclure aucune forme de charité. Je voudrais pouvoir donner aux hospices, aux dispensaires, aux écoles, aider libéralement les grandes infortunes, pour remettre à flot,