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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/387

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sance, sont aptes à les mériter, se mettent en avant et entament la candidature. On écrit à l’Académie, on l’avertit ; on rédige des mémoires, on envoie des attestations comme dans un procès. L’Académie, ainsi que le disait très-bien M. de Carné dans un rapport préparatoire, que je regrette de ne pouvoir vous présenter, car il vous dispenserait du mien, — l’Académie a à se défendre tantôt des dossiers trop informes, des renseignements trop naïfs et trop primitifs, tantôt au contraire des Mémoires trop bien faits : ceci est plus délicat. Il y a des actions qui nous arrivent si bien présentées, que l’on peut craindre que l’art et l’habileté du narrateur n’y soient pour quelque chose. Oh ! que le vrai en tout genre demande de l’attention et de la précaution pour le bien démêler ! Manquerai-je en ce moment à la discrétion, n’obéirai-je pas plutôt au sentiment le plus impérieux de respectueuse déférence, si je dis que, parmi ceux de nos confrères qui chaque année se consacrent pendant plusieurs mois au dépouillement, à la vérification, à la comparaison des pièces, il en est un dont la vue plus qu’à demi usée ne se lasse pourtant jamais, ne se décourage pas et veut jusqu’au bout se rendre compte des moindres documents qui nous sont adressés ? Et c’est l’auteur de l’Histoire de la Grande Armée, c’est un brave et éloquent guerrier dont la jeunesse s’est prodiguée sur les champs de bataille, c’est lui-même qui, depuis vingt ans et plus, a donné ainsi ses soins scrupuleux, minutieux, à compulser, à peser les actions d’humbles filles, de pauvres domestiques, à tâcher que rien d’essentiel n’échappe, que chaque mérite atteigne juste à son degré de rémunération. Homme de devoir, cela lui parait tout simple ; cela m’a paru touchant. Que de fois,