Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/399

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Laviron, il dut lui-même présider au transport des matériaux, à l’achat des bois de construction ; c’est à lui qu’on s’adressait pour solder les dépenses, payer les journées de travail : cela dura plus de deux ans (1859-1861). Il faisait face à tout, à la fois architecte, entrepreneur de travaux, directeur de Tatelier des ouvriers, leur médecin quelquefois, leur providence toujours, profitant de la circonstance et des contre-temps même pour ramener les débauchés ou prêcher les ivrognes.

O respectable curé de Laviron, pardonnez-moi le rapprochement, quoique ce soit un rapprochement mixte, d’une communion à l’autre, et laissez-moi dire qu’il y a dans votre conduite, dans votre bonté, dans votre intrépide confiance, dans votre touchante imprévoyance, quelque chose qui rappelle le bon vicaire de Wakefield, de charitable et immortelle mémoire !

Au fond, je ne répondrais pas que l’abbé Brandelet n’ait pas un faible pour la bâtisse ; que ces embarras même que j’énumère ne l’aient pas attiré et charmé quelquefois ; mais s’il se mêle involontairement un sourire au récit de ses vertus, il est vite noyé dans une larme. Le cardinal archevêque de Besançon, en nous attestant de sa main la vérité des faits qui concernent ce digne prêtre de son diocèse, ajoutait : a Je sens couler mes larmes en écrivant ces lignes, comme elles ont souvent coulé pendant que je bénissais le bon abbé Brandelet pour ses œuvres toutes de détachement, de zèle, et d’une persévérance vraiment admirable. »

L’abbé Brandelet s’est surpassé en dernier lieu par l’achat qu’il fit, à ses risques et périls, de l’ancien château-fort de Blamont mis en vente par l’État en 1859. Il n’hésita pas à