Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/417

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nouveaux, distribué avec une simplicité non sans art, et nous faisant passer de la vie rustique de Jeanne d’Arc aux glorieuses épreuves de sa mission à Orléans, à Reims, à Compiègne, pour épuiser ensuite le récit de ses malheurs et de cette autre mission de souffrances terminée par son inique procès, et consacrée de nouveau par sa réhabilitation tardive, que l’historien et plus d’un lecteur transformeraient volontiers en apothéose chrétienne.

Un grand, un incomparable souvenir d’histoire nationale, le choix des détails, la simplicité du style, et dans l’historien cette disposition d’âme qui, sans voir partout le surnaturel, croit trop à la Providence pour ne pas reconnaître une mission divine à la simple jeune fille que sa foi en elle-même rendit si puissante à sauver son pays, voilà sans doute les conditions d’où vient le vif intérêt de cet ouvrage. L’Académie a senti cet intérêt, comme elle appréciait le travail savant de l’auteur ; elle y voit un titre à ce Prix fondé pour entretenir le culte des souvenirs français et susciter, par époques, le récit complet de notre histoire. Les grandes biographies sont autant de fragments précieux de la vie publique et de la destinée générale d’une nation. Ici, nous avons à la fois un personnage héroïque et un grand événement. Les recherches et le talent de l’auteur n’ont pas fait défaut ; son éloquence, c’est la réalité décrite dans les moindres détails et sentie avec âme. Si, dans la seconde partie de l’ouvrage, l’analyse et la discussion prédominent, s’il y a moins de place pour le récit animé, l’ouvrage entier n’en est pas moins digne du sujet, et tout à la fois satisfaisant et pathétique par l’exactitude. L’historien est ici d autant plus ému qu’il a plus étudié ; et sa véracité fait la force de son expression. L’Acadé-