Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/429

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l’instinct religieux et le besoin d’un culte ; c’est toujours le principe moral qui soutient et vivifie les applications de la science économique.

L’Académie décerne à chacun des deux ouvrages de M. Alfred Mézières et de M. Baudrillart une médaille de deux mille cinq cents francs.

De bien nombreux ouvrages nous étaient présentés. L’Académie s’est abstenue de quelques-uns, par respect même pour le caractère uniquement religieux dont ils étaient empreints. Elle a considéré dans quelques autres des qualités fort diverses. Elle a voulu reconnaître tout ce qui, dans cette France si active, intéresse les esprits par un emploi du talent au service de pures et touchantes pensées ; elle accueille ce mérite, en dehors même de notre idiome classique.

Un poëme en dialecte provençal, une œuvre où la langue populaire de quelques districts du Midi, relevée par l’archaïsme du poëte, entoure de souvenirs légendaires un pieux et pathétique dévouement de jeune fille, Mireio, par M. Mistral, était désigné à nos suffrages. La naïveté du texte et même de la traduction littérale pouvait sembler suspecte d’un peu d’artifice, et la foi du moyen âge plus extérieure que sentie. Mais l’impression de la nature, cette terre parée d’un beau ciel, cette image pittoresque des lieux, qui ne change pas comme l’opinion des hommes, peut encore animer d’un charme vrai la poésie romane de nos jours ; et, dans quelques scènes d’un drame simple, la passion exprimée est toujours poétique. L’Académie décerne à M. Mistral, auteur de Mireio, une médaille comme celle du Prix de Poésie.

Une distinction égale est attribuée à quelques autres ouvrages. Un de ces écrits où manque l’ensemble d’une œuvre.