Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/432

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

également dignes d’estime, mais d’un caractère fort différent, lui ont paru mériter ses suffrages. L’un, l’Histoire de la liberté religieuse en France et de ses fondateurs, par M. Dargaud, étude passionnée, d’une imagination vive, mais d’un esprit honnête qui veut être impartial, décrit les événements et les hommes des guerres civiles de France, au seizième siècle. Les recherches de l’auteur sont attentives ; ses jugements intègres ; sa prédilection ardente pour tout effort de justice et d’humanité, pour tout noble caractère, dans quelque parti qu’il se trouve. Il a par moments de justes sévérités pour Coligny, comme de justes admirations pour le premier des Guises. Ce qu’il sent avec force, il l’exprime souvent avec excès. La vérité de l’émotion ne prévient pas en lui l’effort du langage ; mais il a de l’âme et du talent ; il peint de traits énergiques, sans être assez simples, le chancelier de Lhôpital, et il ajoute encore à l’admiration pour Henri IV.

À côté de ce livre, dont le travail sérieux et mêlé d’éclat était apprécié malgré les objections, l’Académie a considéré comme un titre égal une étude surtout intellectuelle de la France, une Histoire de la littérature française, depuis ses origines jusqu’à la Révolution, par M. Géruzez.

Sur un tel sujet, un livre en deux volumes est un abrégé. Mais par là même le caractère historique peut prendre plus de place dans l’ouvrage. Il s’agit, en effet, de résumer les traits principaux de l’esprit français manifesté par les lettres. Les événements publics, le génie des princes, les institutions, le commerce des autres peuples sont autant d’influences, dont l’historien littéraire doit tenir compte à propos. Dans le tableau progressif de la pensée d’un peuple, bien marquer les époques distinctes, affecter à chacune d’elles quelques vues