Aller au contenu

Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/459

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pre vie si modestement uniforme. Une visite de parenté ou de voisinage, une œuvre de charité, une lettre reçue, une nouvelle apprise, cela suffit pour l’inspirer et lui donner de nobles idées sur quelques noms célèbres et quelques graves questions d’alors.

Cette épreuve n’est pas la seule. Eugénie de Guérin devra survivre à son espérance, à son orgueil, et perdre celui qui était l’objet d’une affection si pure et d’une ambition si dévouée. Ce frère, qu’elle prédestinait à la gloire et qu’elle voyait heureux d’un mariage souhaité, meurt presque aussitôt. Elle vit quelques années encore, s’entretenant avec ce souvenir, redisant ses inconsolables regrets, et semblant quelquefois reprendre ses espérances et continuer ses conseils pour celui qui n’est plus. Les pensées écrites qu’on a recueillies d’elle, datées de ces divers temps de sa vie, sont vraies et parfois éloquentes. C’est la physionomie d’une âme forte, généreuse et tendre. Ce n’est pas un livre à juger. C’est une image sainte à honorer. Le prix décerné à l’œuvre d’Eugénie de Guérin ira trouver l’héritière de ce nom, et sera comme une marque de l’intérêt public pour ces prémices de talent qu’enlève si cruellement la mort.

De savants ouvrages ont ensuite fixé l’attention de l’Académie. La Psychologie de saint Augustin par M. Ferraz, professeur de philosophie au Lycée impérial de Strasbourg, se présentait d’abord. Par son génie et l’esprit de son siècle, Augustin fut autre que le brillant rhéteur de Carthage et de Milan, que le prédicateur populaire, que le grand évêqueet le saint : il fut un maître de la science philosophique; il en discuta les problèmes; il en reporta quelque chose dans sa théologie, du plus tard la philosophie d’un monde nouveau