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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/460

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vint puiser à son tour. Etudier ce mouvement, suivre saint Augustin de Platon à l’Évangile, constater d’après lui le travail de l’intelligence humaine, son action interne et spontanée, et le montrer, dans cette science de la pensée, précurseur de Descartes et souvent d’accord avec les progrès qu’a faits de nos jours l’observation intellectuelle de l’âme sur elle-même, c’était un curieux travail, une œuvre d’analyse savante et de sagacité, que l’Académie devait distinguer, pour le sujet, pour la doctrine et pour l’expression.

Près de cet ouvrage, elle désigne également l’Étude sur Malebranche par M. l’abbé Blampignon, docteur en théologie et docteur ès lettres. La littérature générale, celle qui touche le plus aux sentiments et aux idées des hommes, est intéressée à ces nobles directions de métaphysique et de philosophie chrétienne. Elle en saisit parfois le rapport avec la pensée publique ; elle y sent combien est fortifiante pour l’esprit la recherche pure de la vérité pour elle-même. L’essai, par un jeune prêtre, d’une discussion libre sur les hardiesses d’un pieux penseur tel que Malebranche, demeuré pour nous un grand écrivain, devait être accueilli dans ce concours.

Près de la biographie, complétée sur quelques points, de ce novateur du XVIIe siècle, si paisible et pourtant persécuté, l’Académie place volontiers la vie et la doctrine d’un philosophe du XVIIIe. Mais ce philosophe fut un vrai sage, avant d’être un ministre réformateur. Il attaqua les tendances du matérialisme, autant que les traditions de l’arbitraire. Il voulut rectifier les doctrines, pour préparer le règne des lois ; et dans la retraite, comme dans la vie publique, il unit toujours dans une même pensée, il chercha d’une même ardeur, l’élévation des principes moraux et le progrès de la