Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/470

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l’Isthme de Suez, pour des vers à la gloire de la puissance et de la pensée françaises, qu’il ne sépare pas dans son admiration, et dans le but de grandeur et d’humanité qu’il souhaite à leurs efforts.

L’Académie avait encore un Prix à décerner sur une question toute spéculative : « De la nécessité de concilier dans l’histoire critique des lettres le sentiment perfectionné du goût et les principes de la tradition avec les recherches érudites et l’intelligence historique du génie divers des peuples. » Il s’agissait d’une étude de littérature comparée, d’un libre hommage à rendre au génie classique, dans ce qu’il a de plus savant avec naturel, et au génie, sous toutes les formes, dans ce qu’il a de plus vrai. C’était un appel au sentiment du beau et à la réflexion érudite, à l’enthousiasme et à l’impartialité. Cette intention du programme paraît n’avoir pas assez dirigé les candidats. Dans plusieurs Mémoires, ou trop courts ou trop longs, sans variété, on a soutenu quelques thèses pour ou contre l’antiquité, pour ou contre le moyen âge : mais on n’a pas essayé de reconnaître les principes essentiels du Beau, et d’en noter les gradations et les formes sortant, avec constance et nouveauté tout ensemble, du fonds inépuisable de l’humanité, tantôt d’une simplicité presque inculte, tantôt d’une civilisation jeune encore et presque isolée dans le monde, tantôt de l’émulation et du mouvement d’un nombre croissant de peuples éclairés, et enfin de l’intelligence plus vaste du passé et de l’élan vers l’avenir.

L’Académie, qui n’a pas donné le Prix, proroge le concours à l’année 1865. En même temps elle rappelle un autre Prix de littérature élevée, une autre étude de nobles senti-