Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/476

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devoirs de la vie dignement remplis peuvent avoir été la meilleure préparation du talent ; et la jeune fille qui en fut inspirée leur doit encore plus qu’aux avis et à l’art brillant et réfléchi du poète célèbre, dont sa reconnaissance se plait à honorer la mémoire.

L’Académie décerne à Mlle Ernestine Drouet, auteur du recueil de poésies Caritas, un prix de 3,000 fr., comme à chacun des auteurs que nous venons de nommer. Une étude intéressante, sous forme érudite, la Femme dans l’Inde antique, par Mlle Clarisse Bader, a fixé aussi l’attention de l’Académie, qui ne semblait pas appelée d’abord à juger cet ouvrage. Mais l’auteur n’est pas orientaliste, et n’a cherché, dans les chants sacrés, les grands poëmes et les drames de l’Inde, l’image dévouée de la femme qu’à la faveur des traductions anglaises, allemandes, italiennes, parfois même françaises. Cela suffisait pour lui dicter de touchants récits, dont quelques-uns ont été redits par des voix poétiques. Ainsi l’imagination s’étend par l’étude. À part cette influence heureuse, le choix des souvenirs, le mérite des analyses, la pureté du langage, recommandaient ce travail littéraire, qu’anime partout le sentiment moral. L’Académie décerne à l’auteur, Mlle Clarisse Bader, une médaille de 2,000 fr.

Elle a même récompense pour une œuvre de poésie composée dans de rares loisirs par l’effort de l’esprit contre la fatigue d’une autre et laborieuse occupation. Elle accueille, dans les petits poëmes de M. André Lemoyne, des vœux de l’âme bien rendus et quelques vers d’un coloris aussi pur que le sentiment qui les inspira. Elle ne trouve l’auteur ni amer ni découragé, bien qu’il ait plus à se louer de son talent que de sa destinée. Elle lui sait gré de nobles pensées sur les