Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/486

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même devait changer, sans que son génie se lassât jamais de grandir ou de renaître.

Dans l’ordre de la critique dirigée par l’histoire et le goût, l’Académie propose pour le concours d’éloquence à juger dans deux ans, non pas un éloge, mais une étude de Saint-Évremond, du Français qui passa quelque temps pour le plus bel esprit de France, et qui parmi d’éclatants génies, et sur la fin d’un grand siècle, qu’un autre plus agité devait suivre, eut sa physionomie à part, sa nuance de nouveauté dans l’expression indigène, et son caractère de libre jugement.

L’Académie propose encore pour la même époque un prix de 4,000 francs, qui s’attacherait à une étude laborieuse de langue, à un travail de philologie et de goût, comme celui qu’elle a demandé déjà sur deux génies inventeurs dans la pensée et dans le langage, Corneille et Molière. Le nom qu’elle désigne cette fois est Mme de Sévigné. L’étude qu’elle demande est celle du langage français, dans son époque la plus heureuse et sous l’empreinte de l’imagination la plus aimable et la plus vive, animée du sentiment le plus vrai. Ainsi se succèdent et peuvent se mêler à propos l’étude finement historique des matériaux de l’art et le culte pour le génie qui les embellit, les renouvelle et les immortalise.