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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/542

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Dans toute l’Allemagne a soudain éclaté !
C’était pour la patrie et pour la liberté !
Au premier cri jeté contre la tyrannie,
Kœrner oublia tout….. Non ! je le calomnie !
Non ! il n’oublia rien, mais il renonce à tout !
part, soldat poëte ! Il part, et tout à coup,
Sous ce titre inspiré : Lyre et Glaive ! sa bouche
Sur son pays en feu lance un essaim farouche
De chants à la Tyrtée et d’hymnes de combat,
Dont chaque vers faisait de chaque homme un soldat !

VALENTINE.

Oh ! c’est grand !

MAURICE.

Puis un jour, par un éclat de bombe,
Atteint dans la bataille…

VALENTINE.

Il meurt ?…


MAURICE.

Non ! mais il tombe !
Et, sentant s’écouler sa vie avec son sang,
Il se traîne en un bois voisin ! La nuit descend.
Et là, seul, frissonnant sous ces humides voiles,
A la pâle clarté des premières étoiles,
Parmi l’amas confus de fantômes errants
Que la mort fait flotter devant l’œil des mourants,
Comme des chérubins s’offrent à sa pensée,
La Liberté, l’Amour, sa jeune fiancée...