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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/602

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LA LINOTTE, LA FAUVETTE ET LA PIE.




Une linotte se plaignait
D’une fauvette, sa voisine.
La fauvette, à son tour, lui faisait grise mine.
Tout le quartier s’en affligeait.
Mais de leur différend la cause était frivole.
À les remettre en paix chacun eût pris plaisir,
Et pensait à bon droit que, pour y réussir,
Il suffisait d’une parole.
Par une sotte pie et son caquet maudit
Leur espérance fut détruite.
La linotte eut d’abord sa première visite.
Elle la flatta, la plaignit,
Montra les sentiments de la plus tendre amie ;
Donna tort à son ennemie ;
Entretint son humeur, provoqua son dépit ;
En tira des plaintes amères,
Des mots blessants, que, sans plus s’arrêter.
Chez la fauvette elle alla répéter
Avec de méchants commentaires.
Enfin de rapport en rapport,
Tout fut si bien aigri par sa langue indiscrète,
Que la linotte et la fauvette
Se firent une guerre à mort.