Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/603

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieu nous préserve, amis, de ces méchantes pies,
Qui vont de voisin en voisin
Ramasser, colporter caquets et calomnies ;
Qui ne laissent mourir aucun propos malin,
À ceux même qu’il blesse aiment à le redire ;
Et brouilleraient le genre humain
Pour le seul plaisir de médire.




L’AQUILON ET LES ENFANTS.




Un jour que le fougueux, le terrible Aquilon
S’engouffrait en hurlant dans un étroit vallon.
Une troupe d’enfants, au sortir de l’école.
Eut l’étrange dessein et l’espérance folle,
Cet âge a si peu de raison.
De dompter la fureur de cet enfant d’Éole.
Les voilà donc criant, jetant à pleines mains
Les mottes, les cailloux, le sable des chemins,
Les feuilles dont l’automne avait jonché la terre.
Et leurs casquettes pleines d’eau
Qu’ils puisaient à l’envi dans un prochain ruisseau.
L’Aquilon se jouait de leur vaine colère ;
Leur rejetait au nez feuilles, sable, cailloux ;