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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/605

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LE PLAISIR ET L’ENNUI.




Une jeune beauté, dont j’ignore le nom,
Et la famille et la patrie.
Que pourtant je suppose avoir reçu la vie
Entre Boulogne et Charenton,
Avait pris pour ami, d’autres disaient pour frère.
Les malins disaient pour amant.
Un beau lion, un jeune homme charmant.
Plaisir était son nom de guerre.
La joie et le bonheur remplissaient leurs hivers ;
C’étaient, le jour, la nuit, des bals et des concerts,
Puis les courses de mai, les primeurs du théâtre ;
Elle y montait parfois ; et son monde idolâtre
Lui prodiguait les fleurs, les bravos et les vers.
On la trouvait partout où la foule se presse,
Où l’on va pour se faire voir.
Pour s’amuser, pour s’émouvoir,
Où du soir au matin on fait chère et liesse.
Elle courait l’été de châteaux en châteaux.
Toujours choyée et toujours bienvenue ;
Aux danses du village était même assidue.
Chassait, comme Diane, à crever les chevaux.
Plaisir la promenait ainsi de fête en fête,
Prévenait son moindre désir.