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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/633

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d’Italie ; Agnès elle-même, qui se croyait légitimement mariée et qui avait le droit de le croire, ignorait le sort d’Ingeburge. Le hasard d’un pèlerinage l’amena à Étampes ; elle apprit qu’une malheureuse femme, dont le nom était un mystère, gisait dans la prison ; elle voulut la voir, pour soulager ses maux, pour la délivrer, et c’est l’entrevue de ces deux reines inconnues l’une à l’autre que je vais vous lire :


. . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . .


AGNÈS.

La voici ! Dans son cœur pénétrons doucement.
Le malheur est farouche, et s’offense aisément.

INGEBURGE.

Quel est donc ce mystère ? et que veut cette femme
Qui de mon dur geôlier semble avoir touché l’âme ?

AGNÈS, (s’approchant d’Ingeburge).

Qu’avez-vous ? On dirait que vous tremblez ?

INGEBURGE.

Le cœur,
Lorsqu’on a trop souffert, est faible, et tout fait peur.

AGNÈS.

Mais regardez, mon âge est frère de votre âge !
Et si l’on ne voit pas écrit sur mon visage
Que vos maux de mon cœur ont trouvé le chemin,
Lors, il ne faut plus croire à nui visage humain !