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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/638

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AGNÈS, (avec effroi).

Taisez-vous ! taisez-vous !

INGEBURGE.

Non, ce secours suprême
Qu’on ne refuse pas au coupable lui-même !…
Ce trésor du chrétien, ce baume du souffrant,
Le symbole dévie aux lèvres du mourant,
La consolation que le juge rigide
Accorde à l’assassin, au traître, au parricide,…
On me l’enlève à moi ! Dans ce funeste lieu.
Depuis plus de deux ans je vis loin de mon Dieu !

AGNÈS, (éperdue, à part).

Par lui ! par lui ! Pour moi !

INGEBURGE.

Contre un tel anathème
Parfois on se révolte, on maudit, on blasphème…
Pas un seul prêtre à qui demander mon pardon !
Comme les réprouvés, en proie à l’abandon,
En proie à mes péchés, je meurs ensevelie
Avec la faim, l’effroi, la honte, la folie !

AGNÈS, (dont l’émotion a toujours été croissant pendant ces vers, tombe sur son siège en éclatant en sanglots).

C’en est trop ! c’en est trop !

INGEBURGE., (se retournant vers elle).

Quel cri parti du cœur !

(Elle s’approche du siège où est tombée Agnès.)

Des larmes !… des sanglots !… Mais c’est donc une sœur