Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/93

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toutes les questions d’humanité, toutes les mesures relatives à l’assistance publique, y formèrent aussitôt, par le vœu unanime de ses collègues, son domaine particulier.

Ces hautes fonctions, qui avaient ouvert à son activité bienfaisante une nouvelle carrière, sitôt fermée par la mort, furent le seul emploi public que Scribe eût jamais souhaité ou accepté. Son indépendance, son art, sa retraite, sa douce vie de famille, ne souffrirent jamais d’autre diversion que son zèle pour le bien. Dans tout l’éclat de sa renommée, il n’eut de crédit que pour l’infortune, et d’ambition que pour ses amis. Il conserva ainsi, vis-à-vis des divers pouvoirs qu’il avait vus se succéder dans l’État, une attitude simple et digne qui lui mérita l’estime de tous. Éloigné, quant à lui, par ses goûts comme par le tour de ses facultés, des travaux et des émotions de la vie politique, il crut servir assez son pays en l’honorant. Mais, s’il resta spectateur inactif des laborieuses agitations de son temps, on a vu qu’il n’en resta jamais le témoin indifférent. Il professait, en effet, le culte fervent de tous les grands principes de dignité morale et civile qui unissent désormais, à travers des différences passagères, toutes les intelligences élevées et tous les cœurs généreux de ce siècle et de ce pays. Vous le saviez, Messieurs, et vous l’en aimiez davantage. Il avait trouvé, régnant parmi vous, comme dans une région d’une sérénité supérieure, cette noble maxime, venue de plus haut encore : — In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas…… Dans les principes essentiels, l’unité ; dans les questions controversées, l’indépendance ; dans toutes, la bienveillance mutuelle et l’urbanité. Sous l’égide de ces hautes traditions, M. Scribe, sans oublier sa profonde déférence pour d’au-