Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/94

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gustes infortunes, sans méconnaître ici aucune gloire, sans froisser aucun dévouement, avait pu se montrer sensible, après des jours de deuil civil et d’alarmes sociales, aux destinées meilleures de la patrie et rendre justice à un grand règne. Menacé la veille, ainsi que tous, dans les objets les plus légitimes et les plus sacrés de sa sollicitude, il avait vu soudain la confiance et la sécurité rendues à son travail, à son foyer, à son pays ; la loi sociale raffermie et la vie nationale florissante sur les abîmes fermés ; les triomphes de nos armes éclatant au milieu des magnificences de la paix, les plus précieuses de nos conquêtes civiles sanctionnées, et devant la main puissante et sage qui avait accompli ces prodiges il s’inclinait avec respect, plein de reconnaissance pour le présent et espérant tout de l’avenir. Ces sentiments prenaient plus de force encore dans son âme si française, quand il saluait sur le trône cette grâce souveraine, unie à une souveraine charité, qui semble elle-même avoir été choisie et couronnée par le libre suffrage de cette grande et chevaleresque nation.

Au moment où j’interprète moi-même avec sincérité ces sentiments qui sont les miens, je suis plus pénétré que jamais de la dignité des privilèges que votre bienveillance m’a conférés, et de la gratitude profonde qu’ils m’imposent.

Mon devoir, Messieurs, se termine ici. Il a fallu toute l’obligation de ce devoir pour m’inspirer le courage d’élever la voix dans cette enceinte qui garde l’écho de tant de voix éloquentes, et il me tardait de rentrer dans le rôle véritable qui me sied parmi vous, et qui est d’écouter.