Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/210

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êtes artiste! et je dois convenir que, si Byzance n’a rien qui puisse fixer la méditalion du philosophe, en revanche, pendant plus de mille ans, rien ne lui a manqué de ce qui peut, de ce qui doit intéresser, retenir et charmer une âme d’artiste. Vous l’avez bien prouvé, dans votre vivante étude sur l’Impératrice Théodora, cette courtisane couronnée, dont la figure a également séduit l’un de nos plus érudits et de nos plus brillants confrères. Féconde en drames sombres, où la corruption luxueuse et demi-barbare de l’Orient se mêle aux raffinements de la civilisation greco-latine expirante, l’histoire du Bas-Empire n’est pas moins riche en impressions d’art. Et qui pouvait y être plus sensible que vous, l’historien du peintre Appelles ? vous que les arts de la Grèce avaient déjà conquis à l’âge où l’on est encore sur les bancs du collège ? et vous, qui ne vous délassiez de vos autres travaux qu’en étudiant l’Antiquité au Salon de 1868 ?

Je ne saurais omettre, en effet, la trace que vous aurez laissée dans l’histoire de la critique d’art. J’avais bien lu vos Salons ! mais j’ai voulu profiter de l’occasion qui s’offrait à moi de les relire, et, rassurez-vous, je n’aurai garde, pour les louer, de les comparer à ceux de Diderot. Ce Diderot, qui passe pour avoir créé la critique d’art en France, l’y a peut-être pervertie! Pour moi, j’aime justement vos Salons de ne pas ressembler aux siens. Si je regrette que vous n’ayez pas cru devoir persévérer dans cette voie, c’est pour la même raison. Et pour la même raison, je me plais à songer qu’un jour ou l’autre, nous vous y verrons revenir.

Car je n’ai point, je vous l’avoue, la prétention d’être un grand connaisseur d’art, et, au Salon de pointure comme