Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/209

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corrigé ses Grenouilles. Je n’insiste pas, après cela, sur la très ingénieuse, mais un peu paradoxale réhabilitation que vous avez tentée de Byzance ! « À voir dans l’hippodrome le peuple abandonna à lui-même, criant, riant, acclamant, murmurant, sans s’inquiéter de la présence de l’Empereur, on croirait un peuple heureux et libre » écriviez-vous un jour à ce propos !


C’est ainsi qu’un amant dont l’ardeur est extrême,
Aime jusqu’aux défauts des personnos qu’il aime !


Vous avez aimé la Grèce et l’hellénisme jusque dans leur décadence ; et moi, j’avais tort, Monsieur, quand je vous accusais tout à l’heure de coquetterie, car j’entrevois maintenant le vrai motif de vos prédilections.

C’est que Byzance nous a conservé « le trésor des lettres grecques » et, — n’est-ce pas vous qui en faites quelque part l’observation ? — « il n’y a pas longtemps encore que l’on attribuait à Anacréon des odes exquises, composées durant les premiers siècles de l’Empire par quelque obscur poète byzantin ». Vous êtes reconnaissant aux artistes byzantins de nous avoir transmis « les traditions du style idéal et la pratique de l’art ». Vous vous souvenez qu’à Venise, tout le long du Grand Canal, si quelque palais d’un style à la fois plus étrange et plus original attire et enchante nos yeux, il est d’architecture byzantine. Vous ne pouvez pas oublier que les fresques du mont Athos ont inspiré Cimabué. Et tes noms des Chrysoloras et des Théodore de Gaza, ceux des Chalcondyle et des Lascaria sont inséparables pour vous de ce grand mouvement d’idées que l’on a si justement nommé du nom de Renaissance ! Vous