et à la familiarité avec la terre maternelle. Vous haïssez
au contraire tous ceux qu’un des plus hardis psychologues
de la génération nouvelle a définis d’un mot expressif :
« des déracinés ». À voir la piété avec laquelle vous allez
recueillant les chansons régionales, les termes pittoresques
du patois, comme vous évoquez avec complaisance les
scènes du labeur agreste, on devine que vous rêvez pour
notre patrie une autre destinée, un retour à cette variété
locale qui suppose des centres d’énergie indépendants,
une diminution de ce despotisme de l’État qui efface
chaque jour un peu davantage la physionomie de nos antiques
provinces en diminuant un peu davantage l’initiative
des individus, et c’est ainsi que vous nous amenez sans
prédications, sans théories, aux mêmes conclusions que
les maîtres les plus sévères de la Science sociale, un Le
Play ou un Taine. Seulement, fidèle au programme de
votre premier livre, vous nous y amenez par le chemin des
écoliers, par le Chemin des Bois.
L’éloquente phrase du Fils naturel sur la bienfaisance du mariage jeune que vous nous avez citée tout à l’heure, montre que votre glorieux prédécesseur était arrivé, lui aussi, sur quelques points essentiels à une théorie de la santé sociale toute voisine de cet idéal traditionnel qui domine votre œuvre, et c’est une preuve de plus que la vérité morale marque le point de convergence des routes les plus opposées, car il est impossible d’imaginer un contraste plus complet que celui de vos conditions d’existence et de travail avec les conditions d’existence et de travail de M. Alexandre Dumas fils. Vous ne l’avez pas