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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/101

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– Eh bien ! m’avez-vous entendue ? reprit la dame impatientée.

– Parfaitement ; mais pourquoi ferais-je ce que vous désirez ?

– Mais parce que je le veux !

– C’est tout au plus un prétexte, et je demande une raison.

– Insolent ! s’écria l’inconnue debout cette fois, sais-tu bien que si j’appelais, il y a près d’ici des bras disposés à te forcer à l’obéissance et à te punir après ?

– Je le crois sans peine, madame ; mais au premier cri, au premier geste, j’étends ce guide roide mort à vos pieds.

L’inconnue se rejeta en arrière à la vue du poignard suspendu sur la poitrine du page.

– Et quand celui-ci sera mort, les autres verront qu’ils ont affaire à un homme résolu qu’il n’est point trop aisé d’abattre. Appelez donc, maintenant ! répéta le sergent.

– N’en faites rien, madame, s’écria le guide ; il me tuerait comme il le dit !

– Ah ! tu as du cœur, à ce qu’il paraît ! reprit la femme masquée. Au moins remercierai-je M. d’Assonville de m’avoir envoyé un si vaillant ambassadeur.

– Et moi je le remercierai de m’avoir choisi pour une mission où les armes devaient intervenir au milieu des discours. M. d’Assonville ne m’avait pas trompé.

– Quoi ! est-ce bien lui qui t’a fait prendre ce poignard ? s’écria-t-elle d’une voix indignée.

– Avait-il tort, madame ?

L’inconnue tressaillit à cette question froidement faite, et Belle-Rose vit son cou s’empourprer d’une rougeur subite. Elle se rassit sur le sofa et parut le regarder avec attention.

– Brisons là, reprit-elle doucement. Si je vous donnais ma parole qu’il ne vous sera rien fait, laisseriez-vous aller ce page ?