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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/150

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– C’est une folle espérance, pensait-il, et d’ailleurs, pourquoi espérer ?… maintenant surtout !

Un soupir entr’ouvrit les lèvres du soldat, son esprit s’égara sous les fraîches avenues d’un parc, il vit un fantôme adoré passer entre les fleurs et ferma les yeux pour mieux voir. Tout à coup, la porte cria sur ses gonds, et la Déroute entra.

– Vous dormez ? dit-il en posant la main sur l’épaule de Belle-Rose.

– Non… je rêvais, reprit le soldat ; je me croyais à Saint-Omer, chez mon père. – Une légère rougeur colora son front. Cette rougeur était comme un voile où s’enveloppait la tristesse de son souvenir. Il avait dit Saint-Omer et il pensait Saint-Ouen.

– Eh bien, moi, je viens de chez le capitaine ! Eh ! il fait bien les choses !

– Vraiment !

– Par amitié pour vous, et afin que vous ne souffriez pas longtemps du cachot, il avance le jugement et l’exécution. Nous parlions de quatre jours… vous serez fusillé dans quarante-huit heures.


Aux paroles du caporal, Belle-Rose regarda la campagne qui s’étendait au loin toute rayonnante des splendeurs d’un beau jour. Le caporal saisit ce regard au vol.

– C’est-à-dire que vous serez fusillé si je le veux bien, reprit-il.

– Est-ce à toi qu’est échue la présidence du conseil de guerre ? lui demanda le captif en riant.

– Je commande la place, et il ne sera pas dit que je