Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/160

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aux ordonnances militaires, à la peine de mort. Après cette lecture, le greffier demanda à Belle-Rose s’il n’avait rien à déclarer.

– Rien, monsieur ; je désirerais seulement savoir à quel genre de mort le conseil m’a réservé ?

– Le conseil, appréciant votre bonne conduite et vos antécédents, a décidé qu’au lieu d’être pendu vous seriez fusillé.

– Veuillez, monsieur, remercier le conseil. En m’accordant de ne point mourir d’une mort infamante, il m’octroie la seule grâce que j’ambitionnais. À quelle heure l’exécution ?

– Demain matin, à onze heures.

– Je serai prêt, monsieur.

– Si vous êtes de notre sainte religion, vous plaît-il d’avoir un confesseur, afin d’être en état de paraître devant Dieu au moment de quitter les hommes ?

– J’allais vous en faire la prière.

Le greffier fit signe au prévôt, qui sortit et revint au bout de dix minutes avec un prêtre. Tout le monde se retira, et quand la porte se fut refermée, Belle-Rose demeura seul avec l’homme de Dieu.


Le lendemain, à dix heures, le prévôt entra dans le cachot. Belle-Rose dormait couché sur le grabat ; après une nuit passée en pieuses exhortations, la fatigue du corps l’avait emporté sur les angoisses de l’esprit. Le prêtre priait, agenouillé sous l’image du Christ. Le prévôt frappa sur l’épaule du condamné.

– Debout, sergent, dit-il, voici l’heure.

Belle-Rose se leva soudain. Le prêtre s’avança vers lui.