Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/173

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– Demain, au soleil levant. Vous irez en Flandre et moi dans l’Artois.

– Et de là bientôt à Paris ?

– Non pas ! à l’armée, près de vous.

– Dans nos rangs ?

– Sans doute ! Un Irlandais est la moitié d’un Français. Nous nous battrons d’abord, je me marierai après.


La guerre de 1667 fut le prélude de cette grande guerre de 1672, qui s’annonça comme un coup de foudre dans un ciel serein, pour nous servir de l’expression du chevalier Temple à propos de l’invasion de la Hollande. Cent mille hommes s’ébranlant à la fois, traversèrent la Meuse et la Sambre et conquirent la Flandre avec la rapidité de l’éclair. La France présentait alors un magnifique spectacle. Un roi jeune, élégant, amoureux de toutes les choses grandes et glorieuses, attirait à sa cour l’élite des intelligences éparses dans le royaume. Molière et Racine faisaient de la scène française la première scène du monde ; Louvois et Colbert administraient les affaires publiques ; Condé et Turenne étaient à la tête des armées ; les poètes les plus fameux, les écrivains les plus illustres, les femmes les plus célèbres, les plus éminents prélats, une foule d’hommes distingués par leur science, leur esprit, leurs vertus, remplissaient Paris d’un renom qui s’étendait jusqu’aux extrémités de l’Europe. C’était une imposante réunion de généraux, d’orateurs, de savants, de lettrés, de ministres, de grandes dames comme il s’en rencontre rarement dans l’histoire des empires. La France était tout à la fois éclairée,