Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/183

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Une lumière brillait au haut d’un escalier, il le franchit, repoussa deux plantons qui se tenaient sur le palier, ouvrit une porte qui était en face de lui et disparut avant même que la sentinelle eût le temps d’armer son mousquet. M. le duc de Luxembourg était assis dans un grand fauteuil ; il tenait à la main des dépêches, et sur une table à sa portée, on voyait dispersés des cartes et différents papiers. Au bruit que fit Belle-Rose en pénétrant dans la salle, le général sans tourner la tête s’écria : – Qu’est-ce encore et que me veut-on ? N’ai-je pas donné l’ordre de ne laisser entrer personne ?

– Monsieur le duc, j’ai forcé la consigne.

À ces mots, au son de cette voix inconnue, le duc de Luxembourg se leva.

– C’est une audace qui vous coûtera cher, monsieur, reprit-il ; et sa main saisit une sonnette qu’il agita.

Les soldats de planton et quelques officiers de service entrèrent.

– Un mot, de grâce ! vous disposerez de ma vie après ! dit Belle-Rose, au moment où M. de Luxembourg allait sans doute donner l’ordre de l’arrêter.

Le général se tut. Un instant ses yeux enflammés par la colère se promenèrent sur Belle-Rose ; le désordre où paraissait être le jeune officier, la droiture et la franchise de sa physionomie, la résolution de son regard, l’anxiété qui se lisait sur tout son visage, touchèrent l’illustre capitaine. Il fit un signe de la main ; tout le monde sortit, et le duc de Luxembourg et Belle-Rose restèrent seuls en présence.