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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/213

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à la fois triste et doux fouillait dans son cœur et en éclairait les plus secrètes pensées. Après un court instant donné à cette muette observation, le vieil officier entra dans le jardin. Il venait de disparaître derrière les arbres, que Belle-Rose voyait encore son visage, où s’alliaient si bien la souffrance du corps et la sérénité de l’esprit. Belle-Rose se tourna vers Claudine comme pour l’interroger.

– C’est M. d’Albergotti, dit-elle.

Et aussitôt elle ajouta pour dissiper une triste préoccupation :

– Une grande joie t’est réservée, mon frère ; cette joie, tu vas la goûter.

– Qu’est-ce ? fit Belle-Rose, dont la pensée était ailleurs.

– Oui, mon ami, tu vas revoir l’honnête et vieux fauconnier que j’ai conduit de Saint-Omer au camp, dit Cornélius.

Belle-Rose embrassa Cornélius.

– Le vieux Grinedal et Pierre ! reprit-il, mais où sont-ils donc ?

– Au quartier de l’artillerie.

Belle-Rose prit en courant de ce côté-là, suivi de loin par Claudine et Cornélius. Le fauconnier et son jeune fils étaient tout fiers d’avoir un officier dans leur famille. Ils l’attendaient depuis le matin, et du plus loin qu’ils le virent, chacun d’eux lui tendit les bras.

– Je t’amène une recrue, dit le vieux Grinedal à Jacques, après l’effusion des premiers embrassements.

– Pierre, j’imagine, dit Jacques en souriant à son frère.

– Lui-même ; il veut à son tour devenir officier du roi.

– Eh bien ! dit Belle-Rose, qu’il prenne un mousquet : le mousquet conduit à l’épée.

M. de Nancrais, toujours prévenant dans sa rudesse, avait chargé la Déroute de dire à son lieutenant qu’il pouvait s’absenter du quartier jusqu’à la nuit.