Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Il est prêt.

– Va donc le chercher.

Un instant après, la Déroute revint, conduisant deux chevaux par la bride.

– Voilà deux animaux inséparables, dit-il : où l’un va, il faut que l’autre coure. Mon lieutenant permettra bien que le gris accompagne le noir ?

– Comme tu voudras.

Conrad avait tout entendu. À ces derniers mots, il s’approcha.

– La personne qui vous attend, dit-il en s’adressant à Belle-Rose, m’a fort recommandé de vous amener seul.

La Déroute intervint brusquement.

– Mon ami, dit-il au Lorrain, la personne qui t’envoie ne sait pas que mon cheval est un animal surprenant pour l’amitié. S’il restait seul au logis, il se casserait la tête d’un coup de pied ; c’est un meurtre que tu ne voudrais pas avoir sur la conscience. Marche, on te suit.

Conrad réfléchit qu’une plus longue insistance pourrait éveiller des soupçons ; ce n’étaient, après tout, que deux hommes contre dix.

– Ce sera l’affaire d’un coup de pistolet de plus, se dit-il, et il se mit en devoir de partir.

Au moment de s’éloigner, la Déroute appela un caporal qui passait par là.

– Eh ! Grippard ! lui dit-il, viens t’asseoir ici, et garde la maison. Si M. de Nancrais ou toute autre personne nous venait demander, assure-les que nous serons promptement de retour. Nous allons… Où allons-nous ? reprit-il en se tournant du côté de Conrad.

– À Morlanwels, dit Conrad, qui ne pouvait s’empêcher de répondre à la question.

– Tu as entendu ? continua la Déroute en s’adressant à Grippard.

– Parfaitement.

– Assieds-toi donc, et veille bien.

À trois cents pas du camp, le Lorrain prit son cheval