Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/228

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Belle-Rose passa son épée à sa ceinture, agrafa son habit, prit son chapeau et sortit. Le Lorrain l’attendait devant la porte.

– Que me voulez-vous ? lui dit Belle-Rose.

– J’ai affaire à M. Jacques Grinedal, lieutenant d’artillerie au régiment de La Ferté ? répliqua le drôle, qui tenait à remplir consciencieusement sa mission. Est-ce bien à lui-même que j’ai l’honneur de parler ?

– À lui-même.

– S’il en est ainsi, mon officier, veuillez prendre connaissance de cette lettre qu’on m’a chargé de vous remettre.

– À moi ?

– Sans doute.

– Mais il n’y a point d’adresse.

– N’importe ! brisez le cachet et lisez hardiment ; la lettre est bien pour vous.

Belle-Rose déchira l’enveloppe. Aux premiers mots, il reconnut l’écriture de Mme de Châteaufort. Le billet ne contenait que deux lignes.

« Suivez cet homme ; j’ai besoin de vous voir pour affaire d’importance qui m’intéresse et vous intéresse. Dépêchez ; je vous attends. »

Belle-Rose regarda tour à tour l’homme et le billet. L’homme soutint ce regard sans sourciller ; quant au billet, il était d’un laconisme qui surprit le jeune officier ; mais cette brièveté même le persuada qu’il s’agissait de l’enfant de M. d’Assonville.

– La personne qui vous a remis cette lettre est-elle encore au camp ? demanda Belle-Rose.

– Non, répondit hardiment le Lorrain.

– Y a-t-il longtemps que vous lui avez parlé ?

– Il y a une heure à peu près.

– Ainsi, vous savez où je dois la trouver ?

– Je le sais.

Belle-Rose appela le sergent la Déroute, et lui commanda d’apprêter son cheval.