Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/252

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Une balle l’effleura près du sourcil. Un demi-pouce plus bas, elle lui cassait la tête.

– Eh ! frère, ils t’ont baptisé ! dit Belle-Rose en voyant le sang qui mouillait le front du jeune soldat.

Tous deux se remirent à l’ouvrage et le poussèrent si vigoureusement qu’il fallut donner bientôt un second coup de sifflet. Cette fois ce fut la Déroute qui se présenta. Les assiégeants jetèrent des pots à feu dans le fossé ; mais le sergent, leste comme un chat, avait déjà disparu sous la sape. Les coups de sifflet se succédaient rapidement ; le mur était percé ; les mineurs étaient toujours à leur poste, sauf un seul qui avait été tué d’un éclat de grenade. Cet accident avait déterminé la Déroute à élever en arrière de la sape un épaulement en terre qui les mettait parfaitement à l’abri.

– Nous voilà comme des taupes, dit-il de cet air tranquille qui ne l’abandonnait jamais ; creusons.

Vers le matin ils entendirent un bruit sourd comme celui d’un travail souterrain. Belle-Rose fit arrêter tout le monde et colla son oreille aux parois de la mine.

– Très bien, dit-il ; on sape en avant.

– Mine et contre-mine ! dit la Déroute ; creusons.

On creusa si bien, que vers midi on entendit très distinctement les coups de pioche qui frappaient la terre. Des deux côtés on travaillait avec une égale ardeur.

– Alerte ! mes garçons, reprit le sergent ; après la pelle ce sera le tour du pistolet.

Au bout d’une heure, Belle-Rose reconnut à la sonorité des coups qu’on n’était plus séparé que par deux pieds de terre.

– Couchez-vous tous ! dit-il en étendant la main vers ses mineurs.

– Eh ! mon lieutenant, tous, excepté moi ! s’écria la Déroute.

– Toi le premier ! reprit l’officier d’un air qui ne souffrait pas de réplique.