Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/256

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– J’irai.

– Tu t’arrêteras à Chantilly, où l’intendant de M. le Prince te remettra cent mille livres en or sur cet avis que voici. Tu te rendras ensuite chez Bergame, qui demeure du côté de Palaiseau, dans une maison que je lui ai donnée.

– Ah ! fit Belle-Rose avec dégoût.

– La maison est à droite, à cent pas de la route, avant d’entrer au village. Tout le monde te l’indiquera. Bergame ne se doute pas encore que je suis instruit de sa perfidie. Tous les papiers sont chez lui, dans une certaine armoire que je connais bien, qui est creusée dans le mur, et où je me suis caché plus d’une fois au temps de la Fronde. Un homme qui est employé auprès de M. de Louvois a eu connaissance de ce marché, il s’est souvenu qu’il me devait tout, et il m’a prévenu.

– Ce sont ces papiers-là que vous voulez ?

– Par ruse ou par force, il faut que tu les aies.

– Oh ! c’est un vieillard ! fit Belle-Rose.

– Eh ! morbleu ! s’écria M. de Luxembourg, les vieux loups ont les plus longues dents ! D’ailleurs, il ne s’agit pas de le tuer : tu payes le prix de la trahison et tu prends les papiers, qu’il se taise ou qu’il crie ! Sais-tu bien qu’il y va de la vie de vingt personnes ?

– C’est bien ! j’aurai ces papiers.

– Ainsi, tu partiras demain.

– Je partirai cette nuit.

– Va, et que Dieu te conduise ! Une première fois tu m’as peut-être sauvé la vie ; une seconde fois tu me sauves l’honneur. Que ferai-je pour toi, Grinedal ?

– Vous me ferez voir une bataille.