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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/255

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prévint Belle-Rose que M. de Luxembourg l’attendait à son quartier. Le jeune officier s’y rendit et trouva le général dans sa tente, qui expédiait divers ordres.

– Grinedal, lui dit-il quand ils furent seuls, Sa Majesté, à qui j’ai rendu compte de votre belle conduite, m’a permis de vous promettre le grade de capitaine. Votre brevet est à la signature.

Belle-Rose remercia son généreux protecteur et regretta dans le fond de son âme que son père ne fût pas là pour jouir de cette fortune.

– Mais, reprit M. de Luxembourg, ce n’est pas le général qui vous parle, c’est l’ami. Celui-là, Jacques, a une fois encore besoin de vos services et de votre dévouement.

– Parlez, et quand vous m’aurez dit ce qu’il faut que je fasse, je vous remercierai pour m’avoir choisi.

– Un homme en qui j’avais mis toute ma confiance, continua le général, vient de me trahir. Tu t’en souviens peut-être pour lui avoir parlé à Witternesse, il y a dix ans ?

– Bergame ! s’écria Belle-Rose.

– Lui-même. Il est en train de vendre pour une somme de cent mille livres des papiers qu’il a entre les mains, et que je lui avais laissés, croyant à son honnêteté. Si ces papiers ne compromettaient que moi ou le prince de Condé, je ne m’en inquiéterais guère. Le roi, dans sa souveraine miséricorde, a bien voulu tout oublier. Mais ils peuvent porter un préjudice notable à des gens qui n’ont point été soupçonnés ; que dis-je ? ils peuvent les perdre, si ces papiers tombent au pouvoir de M. de Louvois.

– Que faut-il faire ?

– Il faut partir pour Paris.

– Quitter l’armée ! s’écria Belle-Rose indécis.

– Tu perdras quinze jours que tu regagneras en une semaine, répliqua M. de Luxembourg qui s’animait en parlant. Et d’ailleurs, je ne sais que toi à qui je puisse confier cette mission.