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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/313

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– Vous ne vous trompez pas.

– Si je puis vous être agréable en quelque chose, usez de mon crédit, madame ; j’ai l’honneur d’être un peu parent de M. de Louvois.

– Eh bien ! monsieur, votre parent s’apprête à m’envoyer en prison.

– Vous ! s’écria M. de Pomereux tout étourdi.

– Moi-même.

– C’est impossible ! Vous, une femme… on aura surpris la religion du ministre, et je cours…

– C’est inutile ; cette religion a pris soin de s’éclairer elle-même tout à l’heure. Il paraît que j’ai commis un grand crime.

– Lequel ?

– J’ai fait évader un de mes amis qui avait l’honneur d’être traité en prisonnier d’État.

– Diable ! fit M. de Pomereux, c’est une méchante affaire.

– C’est ce qui me semble à présent.

– M. de Louvois n’est pas précisément tendre dans ces sortes d’occasions. – Disons même, entre nous, qu’il ne l’est pas du tout.

– J’y consens, et c’est précisément cela qui m’inquiète. Il ne faut pas aller en prison, madame.

– J’y consens volontiers, mais ce n’est pas tout à fait le sentiment de M. de Louvois.

– Il y paraît, et c’est malheureusement qu’il est fort entêté, M. de Louvois. Mais enfin, madame, vous n’êtes pas seule au monde, vous avez…

– Je suis veuve, monsieur, dit Suzanne doucement.

M. de Pomereux remarqua seulement alors que Mme d’Albergotti était couverte de vêtements noirs. Quand elle était entrée, il n’avait vu que le visage et point la robe.

– Veuve ! s’écria-t-il. Ma foi, madame, il a dépendu de vous de ne pas l’être. Mais, s’empressa-t-il d’ajouter