des dames bénédictines de la rue du Cherche-Midi. Voici une lettre pour la supérieure qui vous introduira auprès de Mme d’Albergotti.
Mme d’Albergotti reçut M. de Pomereux dans le parloir. La même émotion qui avait saisi le gentilhomme à leur première entrevue chez M. de Louvois fit tressaillir son cœur à la vue de Suzanne. Elle eut, en le saluant, un si doux sourire et un si chaste mélange de réserve et d’aménité, qu’il en fut touché.
– M’apportez-vous une bonne nouvelle ? lui dit-elle ; je suis si peu habituée au bonheur, que j’espère toujours le voir enfin me rendre visite, tout en n’y comptant pas beaucoup.
– Hélas ! madame, lui répondit M. de Pomereux, qui était fort embarrassé, je viens de la part de M. de Louvois.
– C’est-à-dire que cette espérance dont je vous parlais tout à l’heure ne me rendra pas visite aujourd’hui ?
– C’est un peu comme vous l’entendrez. Je voudrais que nous fussions au temps des chevaliers de la Table ronde pour avoir le droit de venir vous délivrer la lance au poing ; malheureusement, madame, la maréchaussée m’interdit cette faculté ; mais il est un autre moyen d’en sortir.
– Encore ! fit Suzanne d’un ton moitié riant, moitié sérieux.
– Eh ! madame, croyez bien que si j’en use de cette façon, c’est plus dans votre intérêt que dans le mien ! On vous délivre et je m’enchaîne.
Le ton brusque de cette repartie fit sourire Mme d’Albergotti.
– Faut-il que je vous remercie ? dit-elle.
– Tenez, madame, parlons sérieusement, reprit le comte ; il y a si longtemps que cette folie ne m’est arrivée, que je puis bien me la permettre une fois en passant. Je me sens attiré vers vous par une sympathie que vous