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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/367

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Lorsque Claudine parvint en Angleterre, en compagnie de Grippard, elle trouva son frère, sinon hors de danger, du moins presque assuré de guérir. La balle s’était logée dans la poitrine sans léser aucune partie noble. Le chirurgien avait sondé la plaie et croyait pouvoir répondre du malade, au cas où il n’arriverait aucun accident imprévu. Cornélius avait choisi une petite maisonnette propre et commode, dans un quartier retiré de la ville, loin du bruit et de l’agitation du port. Il y avait un petit jardin autour de la maison, dont les fenêtres donnaient du côté de la mer. Le chirurgien venait deux ou trois fois par jour ; Cornélius et la Déroute se relayaient au chevet de Belle-Rose. L’entrevue de Cornélius et de Claudine fut entremêlée de joie et de larmes : ils avaient mille choses à se dire mutuellement ; mais sur ce que Claudine lui apprit touchant la disparition de Suzanne, Cornélius la pria de n’en pas parler à Belle-Rose, que cette nouvelle pouvait mettre en danger de mort. On expliqua au blessé la présence de Claudine par le désir bien naturel qu’elle avait éprouvé de se rendre auprès de son frère aussitôt qu’elle avait eu connaissance de l’état où Bouletord l’avait laissé. Les jours s’écoulaient tristement entre ces trois personnes, qui craignaient pour la vie de l’amant et pour la liberté de l’amante également menacées. Tout leur bonheur avait été brisé au moment même où il semblait n’avoir plus rien à redouter. On n’avait aucune nouvelle de France ; la guérison de Belle-Rose se faisait lentement ; Grippard, qu’on avait renvoyé à Paris pour connaître le sort de Suzanne, n’avait pas écrit une seule fois.