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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/38

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– Tu manies ton cheval comme un vieux soldat, lui dit-il au bout de cinq minutes. Où donc as-tu appris l’équitation ?

– Chez mon père, à Saint-Omer.

– Ah ! tu es de Saint-Omer ? alors tu as peut-être connu un brave fauconnier nommé Guillaume Grinedal ?

– Comment ne l’aurais-je pas connu, puisque c’est mon père.

L’officier tressaillit. Il se tourna vers Jacques et se prit à le considérer attentivement.

– Ton père ! Ce vieux Guillaume qui m’a si souvent porté sur ses genoux est ton père ? Tu t’appelles donc Jacques ?

Ce fut au tour de Jacques de tressaillir. Il regarda l’officier, tout ému, cherchant à lire sur son visage un nom que son cœur épelait tout bas.

– Mon nom ? vous savez mon nom ? dit-il.

L’officier lui tendit la main.

– As-tu donc oublié M. d’Assonville ? reprit-il.

– Notre bienfaiteur à tous ! s’écria Jacques.

Et il attacha ses lèvres sur la main du capitaine.

– Non pas celui-là, Jacques, mais son fils, Gaston d’Assonville. Le père est là-haut ; il a été l’ami de Guillaume : le fils sera l’ami de Jacques.


La troupe commandée par M. d’Assonville, capitaine aux chevau-légers, était encore à dix minutes de l’abbaye de Saint-Georges, dont les murailles blanches se dessinaient entre des massifs d’arbres sur la droite du chemin, lorsqu’on entendit des coups de fusil pétiller à une petite distance.