Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/382

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– Oui, mon bon monsieur Mériset. Où trouverais-je un meilleur hôte ?… Mais, vous comprenez, pour des raisons particulières, je tiens à n’être point connu ; vous ne me nommerez pas.

– Je comprends, fit M. Mériset ; ce sont encore des affaires d’État.

– Comme vous voudrez. C’est convenu, n’est-ce pas ?

– La maison est à vous.

La Déroute s’était bien gardé de donner congé du cabinet où il avait placé son observatoire. Ce pouvait être un moyen d’établir des communications avec l’intérieur du couvent, aussitôt qu’on serait parvenu à faire connaître à Suzanne que ses amis cherchaient à la délivrer. L’impatience de Belle-Rose ne lui permettait pas d’attendre ; dès le lendemain, il se mit en mesure d’investir la place, ainsi que le disait la Déroute. Le plan de campagne était de l’invention de Claudine. Elle s’habilla à la façon des femmes d’Irlande, et montant en carrosse avec Cornélius, elle se fit conduire au couvent des dames bénédictines de la rue du Cherche-Midi. Cornélius, qui était du Connaught, parlait l’anglais à peu près comme s’il eût été du Middlesex. Claudine, par une de ces tendresses dont la source s’épanche au fond du cœur, avait rapidement appris la langue de son fiancé, avec qui déjà elle la parlait facilement. Ils arrivèrent devant la porte du couvent, où, après avoir sonné, ils furent reçus par la tourière.

– Veuillez, lui dit Cornélius avec un accent anglais trop prononcé pour n’être pas très affecté, prier madame la supérieure de prendre la peine de descendre au parloir.

– Est-ce pour une affaire pressée ? demanda la tourière en faisant courir les grains d’un chapelet entre ses doigts.

– Vous lui direz qu’il s’agit d’une jeune dame étrangère que son frère, gentilhomme irlandais, a l’intention de laisser aux dames bénédictines, où, si elle se plaît, elle pourrait bien prononcer ses vœux.