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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/381

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dés. Le soir où Cornélius entra à l’hôtellerie du Roi David, il eut quelque peine à reconnaître le sergent, qui s’était affublé d’une perruque noire et d’une barbe magnifique avec un pourpoint de crin orné de sa ceinture, à laquelle pendait une grosse rapière. Belle-Rose attendait dans la rue, le nez dans un manteau et un chapeau sur les yeux.

– Je sais où elle est, lui dit la Déroute aussitôt qu’il l’aperçut ; et tout d’une haleine il lui conta ce qu’il avait fait. Belle-Rose lui sauta au cou et l’embrassa tout net.

– Nous voilà trois, dit-il ; il n’y a ni grilles, ni murailles, ni portes, ni serrures, qui puissent nous arrêter ; j’y perdrai plutôt ma tête.

– Une de perdue, trois de coupées, dit tranquillement la Déroute.

Il fallut d’abord s’occuper de prendre un logement où les visites importunes ne fussent point à redouter. Belle-Rose nomma tout de suite M. Mériset.

– J’y suis allé trop souvent pour qu’on songe à m’y chercher, dit-il.

Et ils prirent en compagnie le chemin de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice. À la vue de Belle-Rose, M. Mériset témoigna une surprise qui tenait de l’ébahissement.

– Et la Bastille ? murmura-t-il d’une voix étouffée.

– Eh bien ! quoi, la Bastille ?

– Vous y êtes allé ?

– Et j’en suis sorti.

– Bien sûr ?

– Voyez vous-même, dit Belle-Rose en riant.

– Oui, oui, c’est bien vous… Mais pardonnez mon hésitation. Il y a des gens si habiles à prendre toutes sortes de figures !

– Certainement.

– Ce cher monsieur Belle-Rose, je suis ravi de le revoir ! Ainsi vous venez loger chez moi ?