précieux, dit-elle ; Belle-Rose te racontera tout cela, et tu prendras plus de plaisir à l’entendre. Il faut d’abord te délivrer.
– C’est bien difficile ! j’ai tant d’ennemis qui me haïssent !
– Mais tu as tant d’amis qui t’aiment !
– J’en ai quatre.
– Sais-tu beaucoup de gens qui puissent en dire autant ?
– Pardonne-moi, Claudine ; la liberté avec vous, ce serait le bonheur, et j’ai tant souffert que je n’y crois plus.
– Je laisse à mon ami Jacques le soin de t’y faire croire un peu, et c’est un soin dont il s’acquittera volontiers. Mais ne parlons plus de cela : dans quelle partie du couvent es-tu logée ?
– Dans l’aile droite ; tu peux voir ma chambre d’ici. Là-bas tout au bout.
– Celle qui fait le coin ?
– Précisément.
– Elle est à vingt pieds du sol ?
– À peu près.
– Au besoin on pourrait descendre avec les draps du lit noués ensemble ?
– Je le crois ; mais il y a les chiens.
– Castor et Pollux.
– Ah ! tu les connais ?
– Je connais tout.
– Alors tu sais qu’ils sont lâchés la nuit ?
– Parfaitement. Te souviens-tu de la mythologie, Suzanne ?
– Un peu.
– Eh bien ! nous traiterons Castor et Pollux comme on traita Cerbère. Notre ami la Déroute aura soin de se munir d’un quartier d’agneau. Le gâteau de miel n’est plus de notre temps.