Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/389

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– Tu ris toujours, Claudine.

– Vaut-il mieux pleurer ?

– Mais après les chiens, il y a les jardiniers.

– On les endormira.

– Et puis les murs !

– On les franchira.

– Et il y a encore M. de Louvois.

– On s’en moquera.

– Et M. de Charny.

– Oh ! celui-là fera bien de ne pas se présenter devant notre ami Jacques !

– Tiens ! Claudine, reprit Suzanne, qui n’avait pu prononcer le nom du ministre et de son favori sans frémir, si cette tentative devait faire courir le moindre danger à Jacques, j’aimerais mieux prendre le voile et mourir ici.

– Et si tu devais rester au couvent seulement quinze jours de plus, Jacques aimerait mieux entrer tout de suite à la Bastille et n’en sortir jamais.

– Pauvre ami !

– Eh bien ! ma sœur, pour ce pauvre ami, nous pouvons bien nous exposer un peu.

– Tu sais bien que ce n’est pas pour moi que j’ai peur.

– Ma foi ! je n’ai pas grande crainte pour eux ; ils sont quatre de force à tailler en pièces toute la maréchaussée du royaume, dit Claudine d’un petit air crâne, bien qu’elle ne fût pas très rassurée au fond du cœur sur l’issue de leur entreprise.

Les deux amies s’embrassèrent pour se donner du courage.

– Voyons ! reprit Claudine, il faut bien nous entendre ! Cornélius vient tous les deux jours au parloir.

– C’est un peu beaucoup.

– Mais il y vient avec toutes sortes de bonnes choses pour les sœurs et toutes sortes de belles choses pour le couvent.