Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/390

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– Si bien qu’on regrette seulement qu’il ne vienne pas tous les jours.

– Tout juste. Il m’instruit des projets qu’ils ont combinés, Belle-Rose, la Déroute et lui ; tandis qu’ils agissent à l’extérieur, nous, agissons à l’intérieur ; je soustrais les clefs à la sœur Assomption, notre vénérable tourière, je me familiarise avec Castor et Pollux, nous laissons tous les jours quelques pièces d’or dans la main des jardiniers, et, le jour fixé pour l’évasion, nous sommes prêtes.

– Ah ! mon Dieu ! s’écria tout à coup Suzanne, la mère Scholastique de la Charité !

– Oh ! la mauvaise langue ! Sauve qui peut, répondit Claudine en tournant la tête du côté de la religieuse, qui marchait le nez dans son livre d’heures.

L’une prit du côté des ormes, l’autre du côté du mur, et toutes deux s’envolèrent comme des oiseaux. Tandis que les deux amies conspiraient dans l’intérieur du couvent, la Déroute ne perdait pas de temps à l’extérieur ; mais quelque effort d’imagination qu’il fît, il n’allait jamais assez vite au gré de Belle-Rose. Il poursuivait à la fois l’entrée de Grippard dans l’honorable corps de la maréchaussée et la sienne dans les jardins des bonnes sœurs. Le jour même de la conférence de Suzanne et de Claudine, la moitié de son souhait fut réalisé : Grippard vint le surprendre à l’hôtellerie du Roi David en grand costume de recors.

– Ah ! ah ! fit la Déroute, tu as donc réussi !

– Il le fallait bien, je me l’étais juré.

– Tu es entêté, à ce que je vois.

– Comme un Breton, quoique Picard. Mais ça n’a pas été sans peine.

– Vraiment !

– Depuis l’affaire de Villejuif, Bouletord est devenu soupçonneux comme un moine. Quand on lui dit blanc, il entend noir. Il a fallu m’y prendre à quatre fois pour réussir.