Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/395

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– Je vais vous expliquer ça. Mais d’abord, je veux m’assurer que vous êtes bien l’homme à qui j’ai affaire.

– Cette bêtise ! Si c’est Ambroise Patu que vous cherchez, c’est bien moi.

– Oh ! dans notre pays les choses ne vont pas comme ça. Il y a tant de gens qui cherchent à tromper les autres !

– Je ne suis pas de ces gens-là.

– Je n’en doute pas et j’en jurerais sur la mine ; mais enfin il faut prendre ses précautions. Voyons ! vous dites donc que vous êtes Ambroise Patu ?

– Ambroise Patu, de père en fils, d’un petit pays tout à côté de Beaugency.

– C’est bien cela, et vous venez pour entrer, en qualité de garçon jardinier, au couvent des dames bénédictines de la rue du Cherche-Midi ?

– Tout juste. C’est mon oncle Jérôme Patu qui me mande auprès de lui.

– Parfaitement. Vous cherchez l’hôtel du Cheval noir, et demain matin, au petit jour, vous devez vous rendre au couvent avec une lettre de votre brave femme de mère.

– La voilà, dit Ambroise, qui, tout étourdi, tira la lettre de sa poche.

– Très bien, reprit la Déroute, qui fourra ses mains dans son haut-de-chausses pour résister à l’envie qu’il avait d’escamoter la lettre ; je vois que vous ne cherchez point à me tromper. Suivez-moi donc, ami Patu ; l’auberge est ici près ; nous avons à causer.

Ambroise suivit sans délibérer une personne si prudente et entra dans la salle commune du Cheval noir. Émerveillé de ce qu’il avait entendu, l’honnête garçon aurait douté de la vertu de son saint patron avant de soupçonner la probité de son guide. La Déroute demanda une chambre, fit dresser une table avec deux couverts, ordonna à la bonne de décacheter le meilleur vin, et, quand le dîner fut servi, ferma la porte au verrou.

– Asseyez-vous là, dit-il à son compagnon, qui avait