pour être moine ! dit Ambroise, qui rattrapa un morceau de lapin du bout de sa fourchette.
– C’est qu’à ce moment-là Jérôme ne savait pas tout. Le roi a rendu un édit.
– Que me fait l’édit !
– Buvez ce verre de vin blanc et vous comprendrez mieux.
Ambroise prit le verre et tendit l’oreille.
– Voilà ce que c’est, reprit la Déroute : l’édit du roi prescrit que tous les individus employés dans l’intérieur des couvents prennent le froc : là où il y a des nonnes, il veut qu’il y ait des moines.
– C’est abominable !
– Sans doute, mais c’est le roi.
– Que dira Catherine, qui m’attend au pays ?
– C’est justement ce que me disait Jérôme ce matin : cette pauvre Catherine, que deviendra-t-elle ? Après tout, ça peut s’arranger. Vous vous ferez moine, mon cher Ambroise, et Catherine en épousera un autre.
– Point ! point ! s’écria le Patu, j’ai promis à Catherine de l’épouser, et je l’épouserai.
– Je le crois bien ! une jolie fille !
– Vous l’avez vue ?
– Parbleu ! fit la Déroute avec un aplomb merveilleux, et d’ailleurs on ne parle que d’elle à Paris.
– Ce qui me chiffonne, c’est de perdre ma place, une bonne place.
– Peuh ! une place entre quatre murs.
– Je ne dis pas. Mais cent vingt livres de gages avec la nourriture et le logement. On gagne sa dot en trois ou quatre ans.
– C’est vrai ; mais, bah ! l’oncle Jérôme la gagnera pour vous.
– Au fait, je suis son héritier, moi. Ainsi, il va se faire moine, mon oncle Jérôme, à son âge ?
– Il le faut bien. C’est demain qu’on lui met le froc