Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/415

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– Parbleu ! c’est qu’ils l’auront volé, répondit Grippard.

Le silence était profond autour d’eux ; il fallut renoncer à toute entreprise pour cette nuit. Bouletord distribua ses hommes autour du couvent, et s’étendit lui-même sous un arbre avec Grippard, son confident.

Voici maintenant ce qui s’était passé. Le matin même du jour fixé pour l’évasion, Bouletord, flânant du côté de la rue de Vaugirard, avait rencontré le neveu du bonhomme Mériset conduisant en laisse quatre chevaux. Ce neveu, malgré son air doux, était un garçon jovial et tapageur qui hantait les tripots et les cabarets, où il avait fait toutes sortes de mauvaises connaissances, parmi lesquelles Bouletord pouvait être mis en première ligne. C’était un côté de sa vie qu’il ne dévoilait guère à son oncle, qui le regardait comme un petit saint.

– Hé ! Christophe ! dit Bouletord, voilà de belles bêtes dont tu pourras bien tirer deux cents pistoles. La croupe est large et le jarret mince.

– Ce serait un mauvais marché. Elles m’ont coûté quatre mille livres ! répondit le neveu en s’arrêtant.

– Le cher oncle a donc envie de monter ses écuries ! reprit le maréchal des logis en caressant le cou de l’un des chevaux.

– Lui ! il aime trop ses louis pour en risquer un seul !

– C’est donc pour toi ?

– Rien dans les mains, rien dans les poches, dit gaillardement Christophe en frappant sur son gousset. Ah ! si ! il y aura ce soir dix ou vingt pistoles que le gentilhomme me donnera pour ma peine !

– Quel gentilhomme ?

– Le gentilhomme au papa Mériset ! un fier soldat, celui-là, qui parle comme un duc et paye comme un roi. Parbleu ! j’ai déjà couru pour son compte.

Bouletord tendit l’oreille.