qui tournoyaient avec un fracas horrible, et ne savaient auquel entendre au milieu du tapage qui se faisait partout. La Déroute augmentait le désordre par ses cris furibonds. La mère Scholastique, qui courait par le couvent en désarroi, trouva sous sa main la cloche et s’y pendit avec une force surprenante. Les gens du quartier, qui déjà avaient vu les flammes par-dessus les murs, accoururent au bruit du tocsin. On brisa plutôt qu’on n’ouvrit les portes du couvent, et la foule se précipita dans la cour. C’était là ce que la Déroute voulait. Aussitôt qu’il vit le peuple, armé de perches, d’échelles et de seaux, pénétrer dans les jardins du couvent, il se glissa comme une anguille vers l’endroit où ses yeux de lynx avaient aperçu Suzanne et Claudine.
– Suivez-moi ! leur dit-il.
Il y avait tant de religieuses parmi la foule qu’on ne songea seulement pas à les regarder ; ils firent trente pas du côté de la porte, au milieu de gens affairés ; Belle-Rose et Cornélius étaient entrés avec le peuple ; ils reconnurent Claudine et Suzanne, et les joignirent. Bouletord était là ; un mouvement de la foule fit tomber le chapeau du faux jardinier.
– La Déroute ! cria Bouletord qui comprit tout.
Il voulut s’élancer, mais un rempart vivant s’interposait entre eux. Bouletord écumait de fureur. Belle-Rose et Cornélius, jetant leur manteau, soulevèrent l’un Suzanne, l’autre Claudine, dans leurs bras ; la foule, croyant qu’il s’agissait de religieuses blessées qu’on transportait loin de l’incendie, s’ouvrit devant eux.
M. de Charny était entré avec tout le monde, inquiet et soupçonneux : c’était l’heure où il avait coutume de faire sa ronde quotidienne. Au cri de Bouletord qui gesticulait au milieu de gens qui le pressaient de toutes parts, il s’arma d’un poignard, et trouvant une issue, se jeta sur la Déroute, qui précédait Belle-Rose. Mais le sergent voyait tout sans avoir l’air de rien regarder ;