Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/424

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

au moment où M. de Charny levait la main, il le saisit à la gorge, et para le coup de son autre bras, avec lequel il tordit le poignet du gentilhomme. La douleur fit lâcher le poignard à M. de Charny ; les doigts du sergent le serraient à l’étrangler ; sa face devint pourpre, ses genoux fléchirent, et il tomba lourdement.

– Place aux pauvres sœurs, répéta tranquillement la Déroute en sautant par-dessus le corps de M. de Charny.

On arriva à la porte, qui fut franchie sans obstacle ; Grippard s’esquiva un instant.

– Allez ! dit-il, je ne serai pas long.

Et il prit sa course du côté de la rue Saint-Maur.

La petite troupe gagna l’endroit où Christophe gardait les chevaux. On sauta en selle et on partit au galop. Grippard arriva tout essoufflé un instant après, et, jouant de l’éperon, il eut bien vite rejoint les fuyards. Les quatre chevaux mordaient leurs freins et faisaient jaillir des milliers d’étincelles sous leurs pieds. Un grand bruit se fit tout à coup derrière eux ; ils tournèrent la tête et virent un immense tourbillon de flammes monter vers le ciel embrasé de clartés rouges, puis le tourbillon tomba.

– Les baraques se sont effondrées, dit tranquillement la Déroute ; je savais bien que l’incendie leur ferait plus de peur que de mal.

– Je te dois tout ! lui dit Belle-Rose en regardant Suzanne dont les bras étaient roulés autour de son cou.

– C’est bon ! c’est bon ! courez toujours, répondit la Déroute. Hé ! Grippard, restons derrière. J’imagine que nous n’en sommes pas quittes avec Bouletord.