Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/427

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on partit, mais au premier effort, les brides se rompirent près des gourmettes, et ce fut un nouveau temps d’arrêt. On avait à peu près fait aux brides ce qu’on avait fait aux sangles. Ces deux accidents, qui se succédaient coup sur coup, éveillèrent les soupçons de Bouletord ; tandis qu’un de ses hommes entrait dans la boutique d’un corroyeur, il chercha des yeux autour de lui.

– Où donc est Grippard ? s’écria-t-il.

– Il n’est pas avec nous, répondit un des archers.

– Quelqu’un l’a-t-il vu ?

– Moi ! reprit un autre archer ; j’étais de garde à l’écurie quand il y est entré, il y a une heure à peu près.

– Double traître ! hurla Bouletord ; si je ne lui fends pas le cœur en quatre, que je sois damné !

Les brides réparées, toute la troupe s’ébranla, le pistolet aux fontes et le mousquet sur la cuisse. Belle-Rose et Cornélius avaient pris leur course par la rue du Four ; au carrefour de Buci, ils trouvèrent un soldat du guet qui voulut s’opposer à leur passage ; le cheval de Belle-Rose le heurta du poitrail, et le soldat roula par terre. On se jeta dans la rue Dauphine, qui fut franchie en un instant. À l’entrée du pont Neuf on vit une escouade de la maréchaussée qui tenait le milieu du pavé. La Déroute l’aperçut le premier. Il piqua des deux et se jeta en avant, suivit de Grippard, qui fourra sa main sous les fontes.

– Cours sur eux, dit la Déroute, et crie à tue-tête : Service du roi !

– Pourquoi ? dit Grippard en renfonçant ses pistolets.

– Va, et crie d’abord, mordieu !

Grippard se jeta au-devant de la troupe, et cria de sa voix la plus forte :

– Service du roi !

La troupe s’ouvrit, et les fugitifs passèrent comme la foudre.

– Ah çà ! demanda Grippard tout émerveillé de