Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/429

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– Parbleu ! reprit l’officier en frisant ses moustaches, j’ai quelque idée que ces deux filles sont jolies ; et comme il n’est point juste que tes maîtres aient tout pour eux, j’en voudrais ma part.

– La voilà ! dit la Déroute ; et soulevant un de ses pistolets par le canon, il en appliqua de la crosse un si furieux coup au coureur d’aventures, qu’il le jeta par terre tout étourdi.

Le pistolet pirouetta dans sa main, et montrant sa gueule aux estafiers qui n’avaient pas eu le temps de remuer :

– Et je brûle la cervelle au premier qui bouge ! leur cria la Déroute.

Grippard imita cette manœuvre, et les quatre ou cinq drôles, voyant leur maître par terre, se gardèrent bien d’intervenir.

La petite troupe franchit la barrière et on poussa sur la route de Saint-Denis au galop. Au bout d’un quart d’heure on arriva à un endroit où le chemin bifurquait. La Déroute s’arrêta.

– Je n’aime pas cette route, dit-il ; une fois déjà, tout au commencement, mon capitaine a failli être arrêté par Bouletord ; une autre fois, et à l’autre bout, il a failli y perdre la vie. Tirons à gauche.

– Est-ce encore un pressentiment ? dit Cornélius en riant.

– C’est au moins une précaution, reprit la Déroute ; peut-être même ferions-nous bien de nous séparer ici.

– Nous séparer ! s’écria Belle-Rose.

– Sans doute : Grippard et moi prendrions le droit chemin.

– Celui que tu n’aimes pas ?

– Bouletord et M. de Charny ne manqueront pas de s’y engager ; s’ils nous atteignent, nous tâcherons de leur donner assez d’occupation pour vous donner le temps de gagner un lieu où vous soyez en sûreté.